(Bonne Question!)
Sortie diplômée en 2020 de la formation DHEC Réalisation et Scénario de L’ESRA Paris, je me suis toujours intéressée de près à la puissance qu’une image peut dégager pour mettre en valeur une situation, une sensation ou un conflit.
Ainsi, le dessin et l’illustration ont toujours fait partie de mon processus de travail pour construire des histoires et des scénarios. C’est d’ailleurs d’abord le dessin qui m’a ouvert les portes artistiques. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours griffonné quelques traits sur un bout de carnet, sur du papier volant, sur tout ce qu’il me passait sous la main. Aussi, j’étais, et je reste fascinée par la mise en espace d’un plan, d’une « scène de vie » et des situations mises en images. Pour moi, le décor fait partie intégrante d’une œuvre, il est aussi important que les personnages qui y sont représentés. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que lorsque je travaille sur des tournages, je suis cheffe décoratrice, et m’affaire à créer un espace qui rejoint, signifie et complète les problématiques internes des protagonistes.
Dans l’illustration, je joue aussi ce rôle : je mets le décor au service d’une histoire, au service d’une sensation qui est rarement dicible avec les mots, parce qu’elle est vécue dans un environnement particulier, parce que le cadrage vient parler de lui-même, parce que les couleurs sont représentatives d’un sentiment et d’une atmosphère.
Dans ce sens, mes inspirations se sont toujours tournées vers les tableaux d’Edward Hopper, de Magritte, de Felix Valloton, et la grande majorité des tableaux de la Figuration Narrative des années 60. Cinématographiquement, j’aime les cadrages millimétrés des films de Wes Anderson, ou de Stanley Kubrick, les plans des films de Kenji Mizoguchi, des frères Coen, de Wong Kar Wai ou des animations de Georges Schwizgebel. (…)
Maintenant, la réponse à la question la plus souvent posée :
« Pourquoi la plupart des personnages présents sur mes dessins n’ont pas de visage ? »
Cette lubie à dessiner des silhouettes dans les décors est née d’une volonté de ne pas prédéfinir des caractéristiques physiques ou genrées, lorsque je dessinais des scénettes destinées à figurer dans les scénario que j’écrivais. En effet, lorsque je cherche une idée d’histoire à coucher sur le papier, tout démarre d’un dessin, d’un croquis dans un espace donné. Peu à peu, dessiner ces silhouettes est devenu essentiel pour moi, d’abord, parce que cela permet à n’importe qui, qui qu’il soit, quelque soit sa couleur de peau, quelque soit son genre, de s’identifier au personnage dessiné, parce qu’au-delà d’être un personnage sans visage, il faut s’imaginer que celui-ci est une enveloppe corporelle à remplir avec nos propres caractéristiques afin de s’y projeter. Ces silhouettes, c’est vous, c’est moi, et c’est mon voisin/ma voisine aussi. Non, ce n’est pas parce que je ne sais pas dessiner un corps humain, d’ailleurs, il m’arrive d’en dessiner parfois, certains corps sont déjà « prédéfinis », parce que l’histoire l’exige (ou parce que j’en ait juste envie, ou parce qu’on me le demande, ça arrive !).
Enfin, je considère qu’un art n’existe pas sans les autres, parce qu’une musique peut s’inspirer d’une image et inversement, parce qu’ils se complètent aussi, il ne sera pas rare de trouver ici et là dans mon parcours, des animations 2D, des créations musicales inspirées de mes dessins, des petits scénarios illustrés, des story-boards musicaux et autres expérimentations !
Bonne visite !